Un conflit religieux et la recherche des causes historiques
Ages 16-18

CyberMystère 5
Matériel pédagogique 2 (notes préparatoires)

Les causes du conflit dans le canton de Biddulph

Les historiens ne s’entendent pas sur les causes réelles des conflits qui s’intensifient entre les voisins du canton de Biddulph entre 1840 et 1880, mais tous sont d’accord pour dire que le canton est alors infesté par les crimes, la violence et la haine. Trois hypothèses, différentes mais parentes, peuvent expliquer le conflit qui se conclut par l’horrible massacre des Donnelly. Certains historiens avancent que les conflits qui ont mené à ces homicides résultent de différences ethniques et religieuses apportées d’Irlande, où les conflits religieux, la pauvreté et l’oppression centenaires ont dressé les catholiques contre les protestants. D’autres historiens soutiennent que la cause ne réside pas tant dans les différences religieuses que dans une tradition de violence extrême engendrée par les différences religieuses. D’autres encore affirment qu’il s’agit d’une question de possession de terrain. Les voici en détail.

La religion
Le conflit religieux irlandais débute avec la conquête de l’Irlande par Oliver Cromwell en 1695. Sa décision d’établir de riches protestants anglais en Irlande crée une classe de puissants propriétaires protestants qui soutirent d’énormes rentes aux catholiques irlandais défavorisés qui cultivent leurs terres. Plusieurs propriétaires anglais ne vivent même pas en Irlande, s’assurant ainsi de ne pas devoir entretenir leurs terres ou prendre soin de leurs locataires pendant les temps durs, comme ce fut le cas par le passé. Les catholiques irlandais n’ont même pas le droit de posséder de terre et finissent même par perdre leur droit coutumier de cultiver les terres « communes » (terres partagées par tous les paysans et destinées à l’élevage de bétail et à l’agriculture). Sans ces formes coutumières d’aide financière, et à cause de loyers toujours plus élevés, les catholiques irlandais s’enlisent dans une pauvreté croissante. Plusieurs se voient réduits à manger exclusivement des pommes de terre pour survivre.

Au milieu du dix-huitième siècle (vers 1750), des catholiques démunis forment une société secrète du nom de « Whiteboys » afin de se venger des souffrances que la classe riche de propriétaires protestants leur fait endurer. Les Whiteboys insistent pour que les membres fassent le serment de ne pas entrer en contact avec les protestants : ils ne peuvent pas commercer ou travailler de leur plein gré avec eux, ni même parler avec eux. Peu à peu, les Whiteboys terrorisent non seulement les protestants mais aussi tous les catholiques qui s’associent aux protestants, en tuant leur bétail, incendiant leurs maisons et leurs granges et en commettant même des meurtres. Les catholiques qui se mêlent aux protestants ou qui s’opposent au règne de terreur et de violence imposé par les Whiteboys reçoivent dans le canton de Biddulph l’appellation de « Blackfeet » [pour obtenir plus de détails sur ce terme et ses origines, consultez le site Web sur les Donnelly au http://www.donnellys.com/Questions.htm (en anglais seulement)]. Dans les années 1850, le canton de Biddulph compte presque autant de Whiteboys que de Blackfeet. Comme le laisse entendre le terme « Black » Donnelly, James Donnelly fait affaire tant avec les catholiques qu’avec les protestants et il fait même un don à l’église locale anglicane St. James.

La violence
D’autres historiens étudient l’histoire de la violence religieuse en Irlande—violence particulièrement intense dans le comté de Tipperary—et ne nient pas que les origines de cette violence remontent aux terribles injustices que les protestants ont infligées aux catholiques, depuis la conquête de Cromwell en 1695 jusqu’à « l’émancipation » des catholiques irlandais en 1829. Ils soutiennent cependant que, avant que les catholiques irlandais, comme les Donnelly, quittent le comté de Tipperary pour émigrer vers le canton de Biddulph en Ontario dans les années 1840, les différences entre catholiques et protestants étaient moins importantes que la culture violente qui caractérise la société catholique irlandaise. Les différends religieux et la tolérance religieuse ne sont, selon ces historiens, que des excuses dont se servent les sociétés secrètes comme les Whiteboys pour imposer leurs propres « lois » à leurs voisins. Cette violence grandissante naît de la décision des sociétés secrètes de se faire elles-mêmes justice, en condamnant ceux qui leur désobéissent à des peines qu’elles infligent elles-mêmes.

La terre
D’autres historiens affirment que des questions de possession de terrain sont à l'origine des nombreux actes de violence perpétrés contre les gens et les biens de la communauté. C’est en partie la promesse d’acquisition d’une terre dans le canton de Biddulph, comme dans d’autres régions du Canada, qui encourage des milliers de familles à quitter leur pays natal au dix-neuvième siècle. Plusieurs nouveaux arrivants ne peuvent plus se procurer de terre dans leur pays natal, en raison d’une variété de facteurs économiques et politiques. Or, le Canada possède des terres en abondance, incontestablement abordables. Des lois canadiennes régissent l’achat des terres et dictent souvent ce que les colons doivent faire sur leur terre afin de se la procurer à bas prix. Cependant, il arrive que ces lois ne soient pas suivies et certains colons, comme les Donnelly, n’achètent pas leur terre avant d’y vivre. De plus, les lois ne sont pas les mêmes pour tous les acheteurs. Certains historiens soutiennent que les querelles qui éclatent dans le canton de Biddulph sont liées aux pratiques foncières douteuses.